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La dernière guerre ?  Palestine 7 octobre 2023 – 2 avril 2024

Texte d’Elias Sanbar, édité en avril 2024 par Tracts Gallimard n° 56.

Elias Sanbar, écrivain et ancien ambassadeur de la Palestine auprès de l’Unesco, reprend les événements du 7 octobre 2023 qui font à nouveau basculer le monde et dont la source remonte à 1948 : « Je veux parler de la Nakba de 1948, quand ma mère me porta vers un exil que mes parents pensaient de courte durée. C’était un matin d’avril 1948. J’avais quatorze mois… »

Autant dire que l’auteur connaît l’exil et qu’il a su mener un parcours emblématique autour de la réflexion et de l’analyse liées au déchirement de ce Moyen-Orient où il n’a jamais pu vivre et où il défend depuis toujours la voix de la Palestine, son pays. « Si les Israéliens sont habités par la peur d’une disparition possible, les Palestiniens vivent quant à eux une disparition réelle, celle d’un déni d’existence définitif. »

Avant 1948 *

Elias Sanbar donne dès le départ sa lecture : « La naissance d’Israël n’était-elle pas la réponse adéquate au mal absolu que fut le nazisme ? Partant de cette réponse d’un droit de présence solitaire, exclusif sur la Palestine, il devint impensable pour la majorité écrasante des Israéliens d’accepter le fait que la naissance de leur État eût pu naître d’une injustice commise à l’égard d’un autre peuple… » Statut particulier lié aux souffrances ayant présidé à la naissance de l’État d’Israël, soutien à ce jeune État par de nombreuses nations, laxisme mondial quant aux terres dérobées. L’objectif israélien constate-t-il est de parachever la Nakba de 1948, comme le suggérait Ben Gourion – Premier ministre du pays de 1948 à 1954 puis de 1955 à 1963, l’un des fondateurs de l’État d’Israël – dans deux lettres adressées à son fils, Amos, en juillet et octobre 1937, lettres citées par Elias Sanbar : « Si je suis un adepte enthousiaste de la création d’un État Juif maintenant, même s’il faut pour cela accepter le partage de la terre, c’est parce que je suis convaincu qu’un État juif partiel n’est pas une fin mais un début… »

Et, de guerre en guerre, la situation s’est comme entérinée, selon le bon vouloir de ceux qui depuis 48 colonisent et de plus belle, au vu et au su de tous. Elias Sanbar met en lumière l’intention de Netanyahou et de son cabinet de guerre, au-delà de la contrattaque à Gaza, de viser et de vouloir récupérer Cisjordanie, Jérusalem-Est et réfugiés de 1948, en bref d’en finir avec tous les Palestiniens, d’où son mot d’ordre ressemblant à un ordre de mission : « Cette guerre est la dernière d’Israël, le dernière… » mot dont s’empare Elias Sanbar pour le transformer en question et en faire le titre de sa réflexion : La dernière guerre ?

1947 / Projet ONU *

 « Cette dernière guerre débute du côté israélien le 9 octobre, au lendemain d’un crime de guerre commis le 7 par le Hamas. » Personne n’imaginait « que des occupés fussent capables d’une telle prouesse technique et guerrière » à l’égard du pays le mieux protégé du monde, Israël, qui n’a rien vu venir et dont 250 otages ont été emmenés à Gaza.  « Un nouveau foyer de guerre s’est allumé au Proche-Orient après le massacre commis par le Hamas le 7 octobre 2023 suivi par les bombardements meurtriers d’Israël sur Gaza, territoire que l’auteur qualifie de prison à ciel ouvert. « Ces carnages, accompagnés de persécutions en Cisjordanie et de déclarations annexionnistes, ont réveillé la question palestinienne endormie » écrit Edgar Morin.

Elias Sanbar dénonce l’approximation d’un rapport de l’ONU au sujet de la violence sexuelle sur les otages israéliens, les hypothèses et fantasmes israéliens face à l’organisation des attaquants, le Hamas, les deux poids deux mesures des Occidentaux, la fausse naïveté de Netanyahou dans sa « déception de n’avoir pas été informé de l’opération » et l’embourbement qu’il recherche pour sauver sa peau. Vérité ou ruse ?

1967  – Guerre des Six Jours *

La réplique d’Israël conduit à des milliers de morts dont de nombreuses femmes et enfants, à l’anéantissement des structures de soin et des services de secours à tel point que le mot de génocide s’inscrit sur les tablettes des journalistes et que l’Afrique du Sud, s’inscrivant comme défenseur du droit, saisit la Cour internationale de Justice de La Haye le 29 décembre 2023. La Haye édite des mesures conservatoires donnant obligation à Israël d’assurer la sûreté et la sécurité des Palestiniens dans la bande de Gaza, mais n’appelle pas à un cessez-le-feu. La Cour est ensuite saisie par cinquante-deux États membres de l’ONU « pour avis consultatif sur la légalité de l’occupation en 1967 par Israël des territoires palestiniens. » La majorité des plaidoiries demande le retrait « immédiat, inconditionnel et unilatéral » d’Israël des territoires conquis en 1967. Israël ne répond à aucun ordre de la Cour internationale de Justice, l’ONU s’érode et sa crédibilité avec.

Elias Sanbar développe aussi le rôle de l’UNRWA, Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, une agence de l’ONU exclusivement dédiée aux réfugiés palestiniens à laquelle 6,5 millions de Palestiniens sont inscrits. Et l’auteur donne d’autres chiffres, notamment sur les habitants de Gaza dont 75% des 2,2 millions d’habitants ont statut de réfugiés palestiniens.

L’espoir de créer deux États s’est éloigné, voire effacé dans les hauts et les bas des tergiversations mondiales. On y croyait encore en 1991 lors de la Conférence internationale de paix de Madrid qui avait été précédée d’une session du Conseil national Palestinien, autrement dit du Parlement en exil, trois ans plus tôt, à Alger, en la présence de Yasser Arafat. Trente-trois ans après, aucune paix n’a vu le jour, et encore moins un État palestinien, note Elias Sanbar qui liste toute une série de questions, dont la question vitale : « Existe-t-il un moyen de tirer profit du désastre en marche pour trouver l’amorce d’une sortie par le haut de l’interminable conflit ? »

Situation aujourd’hui *

Malgré le sentiment d’impuissance qui domine, alors que « la guerre qui culmine aujourd’hui à Gaza est aussi une guerre contre la Palestine, toute la Palestine » l’auteur esquisse une série de possibles pour y réussir, sous réserve que « les puissances amies d’Israël quitte à cabrer dans son propre intérêt leur protégé, trouvent l’audace qui leur a tant manqué d’imposer une paix jusque-là réputée inatteignable. » Les puissances amies d’Israël, États-Unis en tête.

Elias Sanbar ferme son propos en ajoutant : « Sans mots, je me tiens devant la conclusion impossible de ce texte. » Il donne la parole à celui dont il fut l’ami et le traducteur, le poète Mahmoud Darwich, qui écrivait en 1992 dans Le Dernier discours de l’Homme rouge : « Laissez donc un sursis à la terre. Qu’elle dise la vérité. Quant à vous, quant à nous. Quant à nous quant à vous… Laissez donc, ô invités du lieu, quelques sièges libres pour les hôtes, qu’ils vous donnent lecture des conditions de la paix avec les défunts. »

Brigitte Rémer, le 1er août 2024

La dernière guerre ?  Palestine 7 octobre 2023 – 2 avril 2024 – Texte de Elias Sanbar, édité par Tracts Gallimard n° 56 – (3,90 euros).

*Les cartes ont été publiées le 11 décembre 2023 par L’Humanité. « Israël-Palestine : 4 cartes pour comprendre 75 ans de tragédie. »

Prix Unesco-Sharjah pour la Culture arabe

© BR

Cérémonie de remise du Prix Unesco-Sharjah pour la Culture Arabe récompensant quatre artistes ou personnalités impliquées dans la diffusion de la culture arabe, dans leurs pays, éditions 17 et 18.

Après deux ans d’interruption pour raison de pandémie, quatre lauréats furent mis à l’honneur le 30 mai dernier, pour avoir participé à la construction de ponts entre les arts et les continents en 2020-2021 et 2021-2022. La référence à André Malraux qui « pensait avec lucidité que la culture est ce qui avait fait de l’homme un Homme » a été rappelée par les personnalités qui, en introduction, ont pris la parole à tour de rôle, sous la houlette du Sous-Directeur Général pour la Culture à l’Unesco, M. Ernesto Ottone Ramírez.

Dunya Mikhail © BR

Tous ont insisté sur le pouvoir de la culture et sur l’encouragement donné, à partir de 1998, par la création du Prix Unesco-Sharjah pour la Culture Arabe visant à encourager le dialogue interculturel. Chaque candidat a présenté son travail et ses modes d’intervention à travers une vidéo et a témoigné de son engagement. Un moment artistique et musical avec la participation des lauréats a clôturé la cérémonie, modérée par Maya Khadra, journaliste et auteure libanaise.

Pour l’édition 18 (2021/22) deux lauréates ont été récompensées : Dunya Mikhail, d’Irak et Helen Al-Janabi, de Suède. Née à Bagdad (Irak) et après un BA de l’Université de la ville, Dunya Mikhail a travaillé comme traductrice et journaliste avant d’émigrer aux États-Unis en 1996 et d’obtenir une maîtrise à la Wayne State University. Son écriture, sa traduction, sa poésie et sa prose puissantes – en traduction arabe et anglaise – parlent des horreurs de la guerre, de la migration et de la perte de son pays avec les difficultés qui l’accompagnent. Sa poésie est alimentée par un profond sentiment d’identité, en tant que réfugiée, artiste et femme. Son premier livre publié en anglais en 2005 et traduit par Elizabeth Winslow, The War Works Hard, avait été sélectionné comme l’un des « vingt-cinq meilleurs livres de 2005 » par la New York Public Library.

Helen Al-Janabi © BR

Présentée par l’Ambassadrice de Suède auprès de l’Unesco, Helen Al-Janabi, seconde lauréate de l’année est une actrice suédoise d’origine syro-irakienne, vivant à Stockholm depuis 2009. Formée comme actrice à l’Académie de théâtre de Damas, elle a tourné dans plusieurs films, séries télévisées et productions théâtrales au Moyen-Orient. Son travail touche aux thèmes du déplacement, de l’exil forcé, de la langue et de la cohésion sociale. Elle a fondé en 2015 Arabiska Teatern, la première troupe de théâtre professionnel arabophone d’Europe qui a produit cinq pièces en arabe et joué plus de quatre cents fois en Suède.

” Camel of Heavy Burdens” de Suleiman Mansour

Pour l’édition 17 (2020/21) les deux lauréats récompensés furent Suleiman Mansour, de Palestine et Silvia Alice Antibas, du Brésil. Souffrant, Suleiman Mansour n’a pu se rendre à Paris recevoir son Prix, nous l’avons rencontré par vidéo interposée. De renommée internationale c’est l’un des artistes peintres les plus influents de son pays, son œuvre est vaste et se décline sous différentes formes. Il travaille depuis une cinquantaine d’années sur l’expression de l’identité palestinienne, a largement contribué au développement de l’infrastructure des Beaux-Arts au niveau local, et il est membre fondateur de la Ligue des artistes palestiniens. En 1994 Suleiman Mansour a cofondé le Centre d’art Al-Wasiti à Jérusalem-Est et en a été le directeur de 1996 à 2003. Il est aussi l’un des fondateurs du conseil d’administration de l’Académie internationale d’art en Palestine et enseigne dans différentes institutions.

Silvia Alice Antibas, Brésilienne, avait passé un an d’études en France, en 2000/2001 dans le programme de la Formation Internationale Culture qu’avait créé Jack Lang et que j’avais eu la chance de diriger, programme où la problématique interculturelle se vivait au quotidien, un temps remis entre les mains de la Commission française pour l’Unesco. Puis elle a consacré sa carrière à promouvoir une meilleure compréhension de la culture arabe en Amérique latine, en se concentrant sur la migration arabe vers le Brésil. Ses origines, par son père, nous conduisent à Alep, en Syrie. Elle a entre autres, promu des écrivains brésiliens d’origine arabe à travers la traduction de leurs œuvres en arabe, et analysé l’influence de la musique arabe sur la musique brésilienne, en cartographiant et collectant de précieux documents d’archives. Ses recherches sur le sujet montrent que « l’influence arabe dans la culture brésilienne commence avant même que le pays ait été découvert en 1500, à partir de l’occupation par les Maures de la péninsule ibérique, au VIIIè siècle. » Même dans la samba, forme musicale emblématique brésilienne s’il en est, la présence arabe se fait sentir.

Silvia Antibas © BR

Dans son discours d’introduction lors de la cérémonie, Silvia Antibas a montré la convergence entre la musique arabe et les sambas, parlé des Maliens en esclavage et de leur révolte à Bahia, des étapes d’émigration à Rio de Janeiro apportant de nouveaux instruments de musique – comme les tambours/ duff du monde arabe proches des pandeiros du Brésil – et elle a mis l’accent sur les similitudes entre certains rythmes africains et la musique du Nordeste. La fin du XIXè siècle avait vu une vague d’émigration arabe vers le Brésil, puis au fil du temps les émigrés s’étaient bien intégrés multipliant les passerelles dans certaines professions, dans certaines fêtes comme les mariages, dans la cuisine. Les artistes d’origine arabe se sont retrouvés, à partir des années 30, dans toutes les formations musicales brésiliennes telles que samba, chansons, bossa nova, jazz. Ensemble ils ont créé de nouvelles formes musicales comme autant de syncrétisme entre la terre d’origine et la terre où ils vivent.

Silvia Antibas et l’Ensemble Mazzika © BR

Après les communications des lauréats est venu le moment où chacun a montré son travail, sur scène et/ou par visio :  traductions et lectures poétiques par Dunya Mikhail ; extraits de pièces par Helen Al-Janabi avec sa troupe Arabiska Teatern ; formation musicale, association Mazzika, réunie par Silvia Antibas, suivi d’un concert fusion El musica : un dialogue en mouvement, moments chaleureux et de convivialité, guidés par chacune des intervenantes.

La sous-directrice générale pour les Sciences sociales et humaines de l’Unesco, Gabriela Ramos, a clôturé l’événement en déclarant : « Je souhaite sincèrement que le Prix Unesco-Sharjah pour la Culture arabe continue de servir d’éclaireur pour le dialogue, la créativité et l’excellence culturelle pour les décennies à venir. Plus fondamentalement, j’espère qu’un tel prix continuera d’inspirer les artistes et les interprètes du monde entier à utiliser leur talent pour faire progresser la paix dans le monde. »

Brigitte Rémer, 30 juin 2022

Maison de l’UNESCO, 125, avenue de Suffren, 75007. Paris – email : prix.sharjah@unesco.org – site : www.unesco.org – Tél. : 01 45 68 09 66

Sites éternels – De Bâmiyân à Palmyre

Visuel de l’exposition

Exposition présentée par la Réunion des Musées Nationaux et le Musée du Louvre, en collaboration avec la société Iconem, au Grand Palais.

On pénètre dans un long espace bordé de quatre murs d’images en mouvement qui témoignent de la richesse du passé mise en miroir avec le présent. Alep est en train de tomber et l’actualité est dévastatrice, pour les hommes comme pour les édifices. La tête tourne avec les images, l’émotion submerge.

Sites éternels – De Bâmiyân à Palmyre propose une immersion virtuelle au cœur de quatre grands sites archéologiques du Patrimoine mondial de l’humanité, menacés ou partiellement détruits : l’ancienne capitale du roi Sargon à Khorsabad en Irak, le site de Palmyre et le Krak des Chevaliers en Syrie ainsi que la Grande Mosquée des Omeyyades à Damas. La société Iconem a rapporté des prises de vues photogrammétriques en 3D prises par drones et réalisé ce traitement d’images, complété par des documents placés sur les murs ou sur des consoles tels que plans, moulages, maquettes et photos. Chaque site est également symbolisé par une colonne signalétique et trois œuvres, emblématiques, ont été prêtées par le musée du Louvre et modélisées. Ainsi pour Palmyre, le Relief funéraire de Taimé et de la femme Hadir, en calcaire, datant de la première moitié du IIIe siècle après J.-C ; pour Khorsabad, un bronze représentant un Lion couché rugissant datant de 700 av. J.-C ; pour le Krak des chevaliers, le Bassin du sultan al-Adil II Ahmad ibn Umar al-Dhaki al-Mawsili du XIIème siècle, bel exemple du travail des dinandiers syriens, dans un décor d’une grande finesse avec des incrustations de fils d’argent.

Au bout de cette grande galerie, une pièce intimiste fait fonction de laboratoire. On y voit le minutieux travail de relevés en 3D réalisé par Iconem, drones à l’appui ainsi que les différents supports et techniques utilisés par les scientifiques. Au-delà de l’aspect scientifique, quatre jeunes artistes sont interviewés, montrant qu’au-delà de l’architecture et des sciences, le patrimoine est aussi une aventure humaine et de culture : Brigitte Findakly, dessinatrice de bandes dessinées – qui a entre autre publié Coquelicots d’Irak – née à Mossoul d’une mère française et d’un père irakien, venue en France avec sa famille en 1973 à l’âge de quatorze ans, parle avec nostalgie de sa jeunesse autour du Lion ailé de Nemrod. Mithkal Alzghair, danseur et chorégraphe syrien très attaché à sa terre et à sa culture – qui a signé une chorégraphie intitulée Déplacements et réfléchit à son héritage et à ce qui a construit son corps – analyse cette nouvelle étape hors de son pays, qui se superpose à son autre vie. La troisième interview donne la parole à un Libanais travaillant dans le domaine des musées et reconnaissant que le tissu même de notre mémoire, est en danger. Il parle de conservation radicale à travers l’exemple d’objets précieux enterrés pendant la guerre qui ont contribué à les sauver et reconnaît que tout ce qui nous entoure peut disparaître. Abbas Fahdel, réalisateur franco-irakien – qui a tourné Retour à Babylone et Homeland Irak année zéro – est né à Babylone, à cent kilomètres au sud de Bagdad. Venu en France à l’âge de dix-huit ans pour des études de cinéma, il y est resté. Il parle de la fragilité de Babylone et de l’oubli de la mémoire collective.

Le Président-directeur du musée du Louvre, Jean-Luc Martinez, assisté de deux de ses directrices – Marielle Pic pour le Département des Antiquités orientales et Yannick Lintz pour le Département des Arts de l’Islam – partie prenante pour la sauvegarde de la mémoire collective a particulièrement travaillé, à la demande du Président de la République, à la réflexion et à la conception de cette exposition dont il est le commissaire général. La Directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova, sous le haut patronage de laquelle se réalise l’exposition, a déclaré : « Le patrimoine, avant d’être un bâtiment, est une prise de position et une prise de conscience. Lorsque l’extrémisme s’attaque à la culture, à la diversité culturelle, il faut répondre aussi par la culture, et par l’éducation, la transmission, expliquer la signification des sites et partager des connaissances, afin de porter ce message de tolérance d’ouverture et d’humanité dont le patrimoine est porteur… En nous unissant pour le patrimoine, nous commençons déjà à construire la paix. »

On sort sonné et méditatif de cette traversée qui ré-affirme que la culture et le patrimoine, expressions de notre identité, servent le pluralisme culturel et participent de la défense du droit humanitaire international. Une initiative forte et pleine de sens.

Brigitte Rémer, le 2 janvier 2017

Documentation scientifique Thomas Sagory, chef du service du développement numérique du Musée d’Archéologie nationale – Domaine national de Saint-Germain-en-Laye et responsable de la collection Grands sites archéologiques – Scénographie Sylvain Roca, Nicolas Groult – Réalisation audiovisuelle Olivier Brunet – Exposition réalisée grâce au soutien de Google Arts & Culture, Leon Levy Foundation, Bank of America, LVMH / Moët Hennessy. Louis Vuitton, Fondation d’entreprise Total, Caisse des Dépôts, Fonds Khéops pour l’Archéologie et les American Friends of the Louvre.

14 Décembre 2016 au 9 Janvier 2017, Grand Palais, Galerie sud-est – Métro : Champs-Elysées-Clémenceau – Tous les jours, sauf le mardi, de 10h à 20h et en nocturne jusqu’à 22h le mercredi – Entrée libre.

Condition et responsabilité sociale du chercheur

unesco_logo_550x355Un colloque organisé par la Commission nationale française pour l’UNESCO en partenariat avec le Conservatoire National des Arts et Métiers s’est tenu le 8 septembre 2016 au CNAM.

Les représentants de la communauté scientifique française et internationale, les délégations permanentes auprès de l’UNESCO et les représentants de la société civile étaient invités à débattre autour des propositions relatives à la révision de la Recommandation de 1974 de l’Unesco concernant la condition des chercheurs scientifiques, élaborées par la Commission française pour l’UNESCO. Son Président, Daniel Janicot, le Secrétaire général de l’Association internationale Droit, Ethique et Science, Christian Byk, la Directrice de la Recherche au CNAM, Clotilde Ferroud et la Directrice de la Division de l’Ethique, de la Jeunesse et des Sports à l’UNESCO, Angela Melo, ont ouvert la journée. S.E. Laurent Stefanini, Ambassadeur et Délégué permanent de la France auprès de l’UNESCO l’a clôturée, évoquant le projet de création d’un observatoire mondial qui permettrait d’assurer le suivi de la Recommandation.

 Quatre sessions furent proposées au cours de tables rondes qui ont introduit aux débats : La science globale, un défi pour les chercheurs – La responsabilité sociale du chercheur scientifique – La condition du chercheur – Egalité et accès à la reconnaissance.

La rencontre concernait les chercheurs du domaine privé (les plus nombreux) autant que ceux du public – près de huit millions de chercheurs dans le monde d’après le dernier rapport UNESCO, paru en 2015 –. Elle a mis en exergue l’intégrité et l’éthique du chercheur, la nécessité du travail en équipe, l’intérêt de donner la parole à la société civile et de mettre à sa disposition les avancées des chercheurs. Elle a parlé du rapport à la connaissance, de propriété intellectuelle et de bien public, de publication et de monopole.

Elle a évoqué les conditions de travail du chercheur et d’un juste salaire souhaité, de l’inégalité du traitement entre hommes et femmes, des disparités entre les régions, de la liberté de recherche en vis à vis à la problématique de subordination hiérarchique, du temps qu’il faut à la recherche, de la nécessité d’accompagner les jeunes chercheurs à partir de la fin de leur thèse, de la fuite des cerveaux.

Elle a posé la question de devoir prêter serment devant ses pairs, comme le médecin s’engage dans ses fonctions en prononçant le Serment d’Hippocrate. Ce point a prêté à de vigoureux échanges. Evoquant la crise de confiance à laquelle la recherche fait face de manière récurrente, la responsabilisation des Etats et des décideurs est reconnue comme essentielle afin de dégager les moyens nécessaires. La création d’un fonds mondial pour la recherche, dans cet objectif, a été grandement évoquée.

La Recommandation de 1974 est aujourd’hui dépassée et incomplète, le chercheur idéal et idéalisé tel qu’elle le décrivait, n’existant pas. D’où l’intérêt de ce colloque visant à réviser le texte, une excellente initiative pour préparer l’étape suivante.

Brigitte Rémer, 14 septembre 2016

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