Chorégraphie Adi Boutrous – avec Avshalom Latucha, Adi Boutrous, Anat Vaadia, Stav Struz – au Théâtre de la Ville/Théâtre des Abbesses.
Jeune chorégraphe arabe israélien né à Beer-Sheva dans le sud d’Israël, Adi Boutrous a débuté ses apprentissages de manière informelle par l’acrobatie et la break danse à l’âge de neuf ans. Il s’est formé à la danse classique et à la danse contemporaine à la Matte Asher School for Performing Arts à Kibbutz Gaaton, puis au Maslool Professionnal Dance Program de Tel Aviv-Jaffa. « Israélien de culture arabe » comme il se définit, il est danseur et chorégraphe depuis 2012. Sa première pièce, What really makes me mad travaille sur la mixité du couple – couple arabo-juif qu’il forme avec la danseuse Stav Struz -. En 2013, il évoque son envol du nid familial, avec Homeland Lesson et il est repéré comme danseur dans le duo We love Arabs de Hillel Kogan. En 2015, année des élections législatives, il dénonce la montée de l’extrémisme avec Separately trapped/Piégé à part. Puis il interroge le corps et l’identité avec la pièce It’s always here/C’est toujours là, programmée en septembre 2018 à la Biennale de la Danse de Lyon. Il est aussi dj et collectionneur de vinyles, spécialisé dans les musiques latino-américaines et le reggae des années 1970. Il présente aujourd’hui sa cinquième création, sur un montage sonore éclectique.
Submission met en espace et en idées deux duos, l’un masculin, dansé par Avshalom Latucha avec qui le chorégraphe collabore depuis plus de trois ans et Adi Boutrous lui-même, l’autre est au féminin, dansé par Anat Vaadia et Stav Struz. « Le titre Submission signifie pour moi une injonction à accepter ce que la vie m’apporte en termes de sentiments et de changements » dit-il. Hommes et femmes se regardent danser. Le contact avec le sol et le jeu des déséquilibres est quasi permanent. Les corps se touchent, la sensualité est là par le toucher, comme une clé de lecture de la proposition chorégraphique. Les figures ont quelque chose d’aérien et se déclinent, loin des stéréotypes, dans une dimension physique et acrobatique qui mêle tension et violence, ruse et conflit, attention et rencontre. Les énergies circulent, tant au masculin qu’au féminin dans ce combat sensuel et fratricide, en miroir.
Avec Submission, Adi Boutrous travaille sur « la perception des genres, des rapports conflictuels entre les gens, de la soumission à la réalité en lien avec les expériences vécues au quotidien » comme il le signifie. Derrière ce lien au réel, l’équilibre des pouvoirs et le rapport de force inscrivent la géographie du Moyen-Orient et ses fractures dans ces duos-duels en tension entre les danseurs. Hommes et femmes partagent le même espace, la symbolique est là. « En fait la survie dépend des liaisons entre les choses… Il est plus enrichissant – et difficile – de penser concrètement, chaleureusement, en contrepoint aux autres qu’à nous seulement. Mais cela implique de ne pas chercher à dominer, étiqueter, hiérarchiser ces autres, et surtout d’arrêter de répéter que notre culture, notre pays sont (ou ne sont pas) les premiers… » dit Edward W. Saïd, qui, comme Adi Boutrous appartient aux « deux univers sans être entièrement d’aucun »
Brigitte Rémer, 31 janvier 2019
Création et interprétation Avshalom Latucha, Adi Boutrous, Anat Vaadia, Stav Struz – conseillers artistiques, répétiteurs Anat Vaadia, May Zarhy – lumières Ofer Laufer – costumes Reut Shaibe – conception et montage bandes sonores Adi Boutrous – musique Francisco López/Untitled #168, Prince Conley/I’m going home, Entrance/Make me a pallet on your floor, Graham Lambkin /Glinkamix, Georgete da Mocidade/ Chuva na favela.
24 au 26 janvier 2019, au Théâtre de la Ville/ Théâtre des Abbesses, 31 rue des Abbesses, 75018 – métro Abbesses, Pigalle – Tél. : 01 42 74 22 77 – Site : theatredelaville-paris.com
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