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Vástádus eana /The Answer is Land

© Knut Åserud

Chorégraphie Elle Sofe Sara (Norvège), avec sept performeuses, présentée dans le cadre de Paris l’été, au Lycée Jacques Decour.   

Elle Sofe Sara, chorégraphe et directrice artistique d’un collectif en Norvège, s’inspire du poème éponyme qui touche au cœur de la culture sâme à laquelle elle appartient et dont l’adage pourrait être : « vivre en harmonie avec les autres et en étroite connexion avec l’environnement. » Les Samis sont un peuple autochtone de tradition nomade appartenant à une zone géographique couvrant le nord de la Suède, de la Norvège – où vit plus de la moitié d’entre eux – de la Finlande et de la Laponie. Ils assurent la transhumance des troupeaux de rennes et considèrent que le territoire ne peut qu’être vécu de l’intérieur. Chaque repère géographique, comme une rivière, n’a de sens qu’à travers les activités et les souvenirs qui y sont associés. Chaque élément naturel a son propre chant joik, une manière de rendre présent un lieu précis, d’invoquer la perception d’un ailleurs. C’est ce chant – jugé subversif dans les années 50, et reconnu jadis comme chanson du diable par les missionnaires, que fait entendre The Answer is Land dans ses particularités vocales, à partir d’un héritage resté vivant malgré les tentatives d’acculturation et d’assimilation, et qui a su évoluer.

Le spectacle débute dans une première cour du Lycée Jacques Decour où les performeuses habillées de noir, poings levés et brandissant des mégaphones, se déploient face à un public plongé dans l’obscurité de son aurore boréale où il lui est facile d’imaginer des îles multiples, des fjords et des montagnes. Là une sorte de rituel chamanique sur fond de polyphonies savantes se met en place où elles demandent la permission à la terre de l’habiter. Ce chant très expressif accompagnera l’ensemble de la représentation qui se poursuit dans une autre cour où les spectateurs sont invités à prendre place selon un cérémoniel précis, passant par le plateau avant de se répartir dans les gradins. Du centre de la scène tombe une magnifique sculpture d’étoffes, évoquant la culture du beau, le duodje, qui perdure au sein de la culture samie dans sa dimension matérielle et immatérielle, comme le vêtement qui renseigne sur l’identité de la personne, sa région d’origine et son statut matrimonial. Seule particularité des artistes, un chapeau que certaines d’entre elles portent, quelques rubans, indicateurs probables de la région d’appartenance. Elle Sofe Sara parle de l’amour de sa terre, de la mémoire, de l’injustice – dans la chorégraphie, l’une des jeunes femmes est prise à partie et se rebelle – l’importance du collectif pour se sentir fort est alors mise en évidence.

Chorégraphe, réalisatrice et cofondatrice d’un collectif artistique autochtone, Elle Sofe Sara table sur la transmission. Chaque année elle participe à la migration saisonnière des rennes et, à l’automne avec ses enfants, au marquage des nouveau-nés. Par sa mère, elle a appris la tradition sámie qu’elle transpose en chants et en danse, sa formation passe aussi par l’École nationale des arts d’Oslo et le Conservatoire Laban Trinity à Londres où elle a appris la chorégraphie.

Pour Vástádus eana/The Answer is Land elle a travaillé avec le compositeur, musicien, professeur de musique et joikeur sámi Frode Fjellheim, qui a arrangé de manière polyphonique les chants traditionnels issus de diverses régions ayant souvent pour thème la nature, ainsi que le morceau que la chorégraphe a elle-même composé avec l’une des performeuses, à partir d’un chant transmis par un aîné et dont le musicien a fait l’arrangement. Frode Fjellheim a également composé lui-même une partie de la partition. Vástádus eana/ The Answer is Land porte la voix du peuple sámi et l’amplifie. Le chant a cappella transmis par les neuf performeuses est rythme, contemplation, contestation et acceptation. Il se combine aujourd’hui à d’autres styles musicaux comme le jazz, le heavy métal et le rock.

Ce spectacle, tel que voulu par la chorégraphe, est un message de générosité, de fraternité et d’universalisme, une ode à la nature et la perception de légendes, une culture du vivre-ensemble. Sa force de vie contribue à ré-enchanter le monde.

 Brigitte Rémer, le 30 juillet 2023

© Knut Åserud

Interprètes : Julie Moviken, Olga-lise Holmen, Sara Marielle Gaup Beaska, Nora Svenning, Grete Daling, Emma Elliane Oskal Valkeapää, Trine-Lise Moe – compositeur Frode Fjellheim co chorégraphe Alexandra Wingate dramaturge Thomas Schaupp – costumes Elle Sofe Sara, Line Maher – scénographie Elin Melberg – création lumière Øystein Heitmann – régisseur lumière Anniell Olsen – techniciens du son Eivind Steinholm – manager de tournée Ingvild Kristin Kirkvik – documentation vidéo et photos Antero Hein / Hein Creations Alexander Browne – Avec le soutien de Performing Arts Hub Norway, de l’ambassade de Norvège, de l’Onda/Office national de diffusion artistique.

 Vu le 27 juillet 2023 à 22h, au Lycée Jacques Decour, 12 avenue Trudaine, 75009 Paris – métro : Anvers – Spectacle présenté dans le cadre du Festival Paris l’été, du 10 au 30 juillet 2023 – site : parislete.fr – tél. : 01 44 94 98 00.

Piano Rubato

© Christophe Raynaud de Lag

Voltige et Musique, conception et interprétation Mélissa Von Vépy – composition musicale et piano Stéphan Oliva – Dans le cadre de Paris l’été, à La Monnaie de Paris.

Présenté dans la cour solennelle de La Monnaie de Paris, véritable écrin situé du côté des fonderies et sous le regard des Louis, XIII et XIV, Mélissa Von Vépy a posé son propre écrin à l’intérieur duquel se love le pianiste de jazz et compositeur, Stéphan Oliva. La structure scénographique, élément dramaturgique central, ressemble à la coque d’un bateau prolongée d’une voile de bois servant d’agrès.

On dirait le musicien solitaire et naufragé devant le piano à queue avec lequel il fait corps, magique sous ses doigts et habité, quand surgit de ses entrailles la voltigeuse, telle une sirène. Elle se fraie un chemin à travers les cordes de ce piano-phare, avant de s’envoler dans les airs, accrochée à son mât de misaine.

© Christophe Raynaud de Lage

Cette figure scénographique est une aire d’invention, de jeu, de théâtre et d’acrobaties aériennes ainsi que de portées musicales, où dialoguent le piano et la recherche du geste instable, véritable défi avec la gravité. Le bateau-piano en ses notes et tempos, contrepoints et résonances, donne le clapotis des vagues et le ressac, et se balance en fonction des figures, du calme ou de la tempête. Le bruit du vent est donné par Mélissa Von Vépy à travers un tuba de plongée. Là-haut, elle invente ses figures qu’elle transforme en de subtiles enluminures.

Rubato se traduit par Dérobé, en italien, l’expression permet d’avancer certaines notes ou d’en retarder d’autres, pour abandonner la rigueur de la mesure. Ici la mesure est libre, tant dans la note que dans le geste. C’est léger, poétique, gracieux, curieux, et ça ne ressemble à rien d’autre. Comme une figure de proue en majesté, Mélissa Von Vépy compose son Canto General dans l’élaboration d’une chorégraphie perchée, avec ses pleins et ses déliés aériens, dans une parfaite complicité avec le pianiste et leur écoute réciproque, deux artistes créatifs et talentueux. On entend Rimbaud dans la singularité de ses Illuminations : « J’ai tendu des cordes de clocher à clocher ; des guirlandes de fenêtre à fenêtre ; des chaînes d’or d’étoile à étoile, et je danse. » La voltigeuse s’immisce dans tous les interstices, sonores et aériens et tisse ses figures comme autant de dentelles.

D’origine Franco-Suisse, elle débute le cirque dès l’âge de cinq ans, à Genève, se forme comme trapéziste au Centre national des Arts du Cirque et s’imprègne du Butô auprès de Sumako Koseki. En 2000, elle fonde avec Claude Moglia la Cie Moglice-Von Verxavec, ensemble, elles présentent plusieurs spectacles dont I look up, I look down qui obtient en 2005 le prix SACD pour les arts du cirque. Elle poursuit sa route et ses recherches dans le lieu de Fabrique de la Compagnie Happés basée à Aigues-Vives, en Occitanie.

© Christophe Raynaud de Lage

La traversée qu’elle propose à travers Piano Rubato nous met en prise avec le son et la musique, le souffle et le mouvement et nous mène du côté de l’invisible. « Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes. Et les ressacs et les courants : je sais le soir, L’Aube exaltée ainsi qu’un peuple de colombes, Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir » poursuit Rimbaud. Et le Bateau Ivre ce jour-là, pris dans le gros grain de la mer, s’est mis à tanguer, tant et si bien qu’il a démâté, le capitaine, Stéphan Oliva, accroché au gouvernail – son piano, le chef de quart, Mélissa Von Vépy, retrouvant la terre ferme, dernière ellipse d’un magnifique moment partagé.

Brigitte Rémer, le 28 juillet 2023

Conception et interprétation Mélissa Von Vépy – composition musicale et piano Stéphan Oliva – scénographie Neil Price, Mélissa Von Vépy – collaboration artistique Julia Christ – mise en son Jean-Damien Ratel – lumière Sabine Charreire – costumes Catherine Sardi – régie technique Julien

Vu le 25 juillet 2023, à 20h, à La Monnaie de Paris, 11 Quai de Conti, 75006 Paris. Métro : Pont-Neuf et Odéon – Spectacle présentés dans le cadre du Festival Paris l’été, du 10 au 30 juillet 2023 – site : parislete.fr – tél. : 01 44 94 98 00

Asylum

© Eyal Hirsch

Chorégraphie, scénographie et lumière de Rami Be’er, Kibbutz Contemporary Dance Company. Spectacle présenté dans le cadre de Paris l’été, au Lycée Jacques Decour.

Fondée en 1973 par Yehudit Arnon, la Kibbutz Contemporary Dance Company est dirigée depuis plus de vingt-cinq ans par le danseur, musicien et chorégraphe Rami Be’er, ancien danseur de la troupe qui en a assuré la succession.  À son actif, s’inscrivent plus d’une cinquantaine de chorégraphies, dont certaines dédiées aux enfants. Pour lui « la danse est un langage universel qui relie individus, religions et cultures. » Plus qu’une troupe, le Kibbutz Contemporary Dance Company est une communauté de vie composée de danseurs de différents pays, situé à l’extrême nord d’Israël à deux pas du Liban où est né le chorégraphe. Il est un véritable lieu de création et d’enseignement.

Asylum – qui peut se traduire par abri, refuge ou havre de paix – fut créé en 2018. Rami Be’er en assure la chorégraphie mais aussi les décors et la création lumière, la cocréation de la musique avec Alex Claude, et des costumes avec Lilach Hatzbani. La pièce parle, nous dit-on, de l’immigration, des demandeurs d’asile et du statut des réfugiés, mais peu de clés nous sont données pour évoquer les concepts de patrie et d’appartenance, d’identité et d’étranger. Vu d’une région sensible, tant politiquement que stratégiquement, on peut s’interroger en questionnant L’Étranger de Camus, où l’absurde n’est jamais loin.

© Eyal Hirsch

Le point fort du spectacle repose sur l’énergie collective des dix-huit danseuses et danseurs, au coude à coude sur le plateau, très souvent dans d’impressionnants mouvements d’ensemble réalisés avec précision et dans une grande cohésion. À certains moments ils répondent aux injonctions d’un homme muni d’un mégaphone, qui fait régner une certaine violence et monter la pression. À d’autres moments, les mouvements sont plus mécaniques et de petits groupes tentent quelques échappées, s’écartant de l’ensemble. Tout est en tension, le tempo est donné par des musiques électro et scandées. La danse devient parfois geste et théâtre, avec une grande expressivité. Dans la bande-son une comptine populaire, Uga Uga, appelle le passé : « Encore et encore, en cercle nous nous promenons. En cercle toute la journée. Jusqu’à ce que nous trouvions notre place… » Et selon l’angle de vue, chacun cherche sa place.

Brigitte Rémer, le 28 juillet 2023

Kibbutz Contemporary Dance Company, avec : Abrams Ayala, Beckerman Eden, Bessoudo Lea, Camarneiro Francisco, Civitarese Luigi, Cuoccio Francesco, Finkelstein Hadar, Garlo Nicholas, Gray Ward Grace, Kim Sujeong, Levi Dvir, Nikurov Ilya, Rheude Colette, Scott Denver, Serrapiglio Antonio, Vach Michal, Zuchegna Tommaso, Zvulun Orin – Chorégraphie, scénographie et lumière Rami Be’er – univers musical Rami Be’er, Alex Claude assistant univers musical Eyal Dadoncostumes Rami Be’er, Lilach Hatzbani – directeur répétitions et assistant directeur artistique Nitza Gombo.

 Vu le samedi 15 juillet à 22h au Lycée Jacques Decour, 12 avenue Trudaine, 75009 Paris – métro : Anvers – Spectacle présenté dans le cadre du Festival Paris l’été, du 10 au 30 juillet 2023 – site : parislete.fr – tél. : 01 44 94 98 00.

Le Marteau et la Faucille

© Paris l’été

Texte Don DeLillo, traduction Marianne Véron – Adaptation et mise en scène Julien Gosselin – Jeu  Joseph Drouet – au Théâtre Paris Villette, dans le cadre de Paris L’été.

L’homme est seul en scène, assis devant une caméra face au public, dans un dispositif blanc, clinique – tapis et praticables. Derrière lui, en gros plan, s’affiche sur grand écran chacune de ses expressions, chaque respiration. Il est entouré de néons rouge, couleur d’incendie qui accompagne le spectacle.

C’est un narrateur qui commence son récit calmement pour le porter dans une montée dramatique d’une heure à laquelle la musique participe, avec un fort mouvement crescendo. L’expression de son stress et d’une grande nervosité s’exprime par de petits gestes qui se répètent et s’accélèrent – comme se toucher le visage, ou le bras… Nous sommes entre le réel, le présent et une sorte de déréalisation qui serait le passé.

Le Marteau et la Faucille, l’un des écrits les plus récents de Don DeLillo, présente un réel totalement déréglé et proche de l’absurde, celui du monde des affaires et de la crise financière de 2007 reflétant une certaine angoisse du monde. Ainsi, le programme d’informations économiques présenté par des enfants vide les mots de leur sens ; un détenu purge sa peine pour malversation, son montage financier ayant causé la chute de deux gouvernements et la faillite de plusieurs multinationales, il écope de sept cent vingt ans de réclusion.

Julien Gosselin s’intéresse aux romans pour leur faire prendre corps et développe souvent ses sujets sur de longs spectacles, de dix à onze heures. Il crée entre autres Les Particules élémentaires d’après Michel Houellebecq en 2013 à Avignon, 2666, le roman-fleuve du Chilien Roberto Bolaño, Le Passé, montage de textes de différentes natures du Russe Léonid Andreïev. De Don DeLilo il a présenté en 2018 un spectacle de dix heures, transposition scénique de trois de ses romans – Joueurs, Mao II, les Noms.

Sans bouger de sa chaise et avec une parfaite maîtrise du texte et des rôles qu’il porte Joseph Drouet a une présence magnétique et nous attrape dans sa sphère de l’argent et des affaires qu’il dessine avec les mots de Don DeLilo. Il nous conduit dans l’irrationnel. Son trouble et son angoisse affleurent et il crée une spirale d’accélération qui pourrait bien l’aspirer, où la mort rôde. Est-il en interrogatoire, fait-il une confession ? Il nous mène dans un monde glacé, celui d’une disparition annoncée, dans un regard à partager entre la scène et l’écran. Son personnage contourne la disparition, l’acteur est magistral. Avec Le Marteau et la Faucille Julien Gosselin propose, en quelques touches choisies et appropriées un spectacle court, efficace et de forte intensité.

Brigitte Rémer, le 29 juillet 2022

Du 26 au 28 juillet 2022 à 20h. Théâtre Paris-Villette, 211 avenue Jean-Jaurès, 75019. Paris – métro Porte de Pantin – site : www.parislete.fr – tél. : 01 44 94 98 00

Senza fine

© Paris l’été

Création Maribeth Diggle, Lisi Estaras, Gaia Saitta, Yohan Vallée – mise en scène Gaia Saitta – au Lycée Jacques-Decour, dans le cadre de Paris l’été.

Des cartons éparpillés sur la scène d’où sortent au fil du spectacle costumes et accessoires. Un vrai faux miroir sorte de structure papier d’alu, des ventilateurs, un divan, quelques objets, un air de désordre. On entre dans cet univers par effraction. Deux personnages fragmentés, un homme, une femme, chemisier vaporeux pour lui, danseur, sous-vêtements masculins pour elle, comédienne, sorte de carte à jouer où s’inversent les figures (Gaia Saitta et Yohan Vallée). Une diva les rejoint, tirant un cabas plein de pierres et lançant sa voix sur un chemin labyrinthe (Maribeth Diggle, soprano). Nouvelle Sisyphe ou nouvelle arrière-grand-mère telle qu’évoquée plus tard dans le spectacle, jolie femme qui a rempli ses poches de pierres et s’est laissée couler au fond de l’eau ?

Le fil du temps se tisse au rythme des digressions-illuminations du trio offrant gestes et bribes, actions, répétitions et citations, avancées et reculs. Un monde se déconstruit dans des mots répétitifs et gestes compulsifs qui s’effacent et reviennent. Pas de fil conducteur, des fragilités, des incertitudes, les nôtres, une tentative de se rapprocher du public, par un verre de vin, une orange à éplucher, des pierres offertes, au final. Images floues. Une autre suicidée s’écroule au sol, verre d’eau et médicaments renversés, dans un geste répété. La même, ou une autre facette d’elle-même, décroche son mobile et projette dans le vide quelques mot banals en même temps qu’énigmatiques.

Des ressassements, un univers mental, du baroque, des brisures, des fractions, un monde mort, comme cette pendule sans aiguille face au spectateur, un banquet final, posé au sol, où les lustres scintillent, où la fête est défaite. Un scénario en morceaux, quelques éclats. Rêve ou cauchemar ? Éparpillement. Esquisse. Étude. Solitudes. Séquences. Sans fin / Senza fine, selon le titre. Crise convulsive de la cantatrice, naissance ou horrible souffrance d’une mort par asphyxie ?

Quelques moments hésitants où les deux femmes esquissent un pas de danse et répètent des gestes en écho (chorégraphie Lisi Estaras), où les trois personnages contemplent l’Avenir, derrière la porte du lycée, portant une inscription qui fait sourire : Sécurité, ne pas jouer à la balle. On voudrait y croire mais on regarde l’autre pendule, celle dont les aiguilles tournent et qui affiche la réalité du temps qui passe.

Brigitte Rémer, le 6 août 2021

Interprètes : Maribeth Diggle, Gaia Saitta, Yohan Vallée – chorégraphie Lisi Estaras – regard extérieur Charlie Cattrall – production IfHuman/coproduction Garage 29

Du 29 au 31 juillet 2021, à 20h – Lycée Jacques-Decour, 12 Avenue Trudaine. 75009 Paris – métro Anvers – Paris l’été / tél. : 01 44 94 98 00 – site : www.parislete.fr

Des gestes blancs

© MirabelWhite

Conception Sylvain Bouillet – Interprétation Charlie Bouillet et Sylvain Bouillet, Naïf production, au Lycée Jacques-Decour, dans le cadre de Paris l’été.

Né d’une recherche engagée lors d’ateliers où il a observé des pères dans leur relation à leurs fils, Sylvain Bouillet, danseur et acrobate, livre en gestes et en espace son approche, dans un dialogue sensitif avec son fils, Charlie, âgé de dix ans.

Ils cheminent ensemble depuis trois ans dans la construction d’un langage corporel commun alors que leur morphologie est si différente. Cet écart devient un point force, ils jouent sur le déséquilibre de l’un et le poids de l’autre dans un échange ludique, espiègle et spontané où ils deviennent à tour de rôle, meneur.

Dans la chapelle du Lycée Jacques-Decour le public les encercle et partage ce moment sensible d’un spectacle hors-norme où, dans une première partie, se toucher est la règle, être en contact peau à peau, glisser en spirale sur le dos, s’allier tête contre tête, puis se séparer, se provoquer, se transporter, se perdre et se retrouver, sorte de discours de la méthode et de recherche d’équilibres.

Pas de scénario, pas d’histoire si ce n’est la leur. Tour à tour ils s’enjambent, s’agrippent, se détachent, s’imitent, font la toupie, le poirier, la roue, s’inventent des jeux de mains, échangent des jeux de rôles. On passe du Livre de la jungle à la figure du Minotaure, de gestes en canon en tourbillons instables, ils sont aux aguets.

Se voir, ne plus se voir, se cacher sous un banc, se pousser sur le banc, seul accessoire avec un tabouret, tabouret-cage et tremplin convoité par les deux. Étirer les sweats, arracher les tee-shirt comme des tigres royaux du Bengale, les faire voltiger. Loin, près, fusionnels ou en affrontement, le père, protecteur, porte le fils comme on porte un petit. Ils sont en fécondation, en gravitation l’un vers l’autre dans la cosmologie de la filiation.

Interaction, action, une belle énergie s’exprime dans la dynamique des corps, blanche, comme un rite d’initiation ou comme le prisme arc-en-ciel d’une lumière fragmentée où se cache le fil invisible de la parentalité. Des voix d’enfants, des rires, des bruits de train, le tonnerre, accompagnent la danse (ambiance sonore et live électro Christophe Ruetsch). Au solo final d’un père en colère répond avec décontraction le solo de Charlie qui, du haut de ses dix ans, smartphone dans les mains, casque sur les oreilles, danse, au son des percussions et rit, renvoyant à son père comme un reflet déformé par le temps.

Avec Naïf production qu’il a fondé en compagnie de Mathieu Desseigne et Lucien Reynes, acrobates comme lui, Sylvain Bouillet développe une langue singulière et intime, pleine d’émotion et de tendresse. La complicité tissée avec son fils, qu’il a su porter à la scène, s’inscrit dans un alphabet nouveau de spectacles, qu’il sera bon d’observer.

Brigitte Rémer, le 6 août 2021

Avec : Charlie Bouillet et Sylvain Bouillet – conception Sylvain Bouillet – dramaturgie Lucien Reynès – conseil artistique Sara Vanderieck – création lumière Pauline Guyonnet – ambiance sonore et live électro Christophe Ruetsch.

Du 29 au 31 juillet 2021 à 18h30, Lycée Jacques Decour, 12 Avenue Trudaine. 75009 Paris. Métro Anvers – Paris l’été / tél. : 01 44 94 98 00 – site : www.parislete.fr et www.naif-production.fr

Société en chantier

© Jean-Louis Fernandez

Concept et mise en scène Stefan Kaegi – avec le Collectif Rimini Protokoll – au Grand-Palais Éphémère. Coréalisation Festival Paris L’Été, RMN-Grand Palais, La Villette.

Les spectateurs entrent dans cet immense espace du Grand-Palais Éphémère par groupes d’une quinzaine de spectateurs, après avoir mis un masque noir et enfilé une charlotte sur la tête. Ils sont dirigés dans un terrain délimité dit le chantier, où ils se répartissent selon différents thèmes : Main d’œuvre, Ressources humaines, Droit de la construction, Développement urbain, Investisseurs, Mumbai/Bombay, Transparency. Des éléments de travaux publics tels que grue, échafaudage, bâches, matériaux divers, algéco de chantier y forment l’environnement scénographique.

Mon groupe, les Entrepreneurs, est invité à mettre un casque de chantier qui fait fonction de casque audio, et à prendre place sur d’énormes sacs blancs contenant du sable, disposés en gradins. Le principe du casque vaut pour tous les spectateurs. Un expert est attaché à chaque groupe et le pilote, sorte de messager livrant sa réflexion et mettant le projecteur sur une facette de la problématique du BTP. Ce sont des témoins, experts en droit, maçonnerie, urbanisme, entreprenariat privé, finance qui parlent et décrivent la situation que le spectateur capte dans son casque. Les groupes tournent, au fil de la soirée et traversent tous les thèmes, toutes les étapes du chantier avant de se retrouver ensemble, au final. Un entomologiste compare la société des fourmis à celle des hommes et tel un professeur partage son observation sur leur remarquable organisation.

Quatre grands écrans placés en hauteur de cette nouvelle cathédrale témoignent du gâchis financier de la construction et donnent de multiples exemples de bâtiments publics, achevés ou non, et qui tournent en boucle. Sont annoncés : le projet, son coût total, son coût effectif – en général quatre ou cinq fois plus cher qu’au départ – le retard à la livraison, de 3 à 12 ans, parfois le nombre d’accidents ouvriers à la semaine. Ainsi défilent sous nos yeux les scandales financiers de nos sociétés d’aujourd’hui : Santiago de Compostela Ville de la Culture, West Kowloon District Culturel de Hong Kong, Philharmonie de Paris, Stades de football pour la Coupe du monde 2022 au Qatar, Stuttgard 21 projet ferroviaire et urbain d’envergure, Louvre Abu Dhabi etc.

Société en chantier raconte des histoires de corruption, comme celle du nouvel aéroport de Brandebourg, à Berlin, qui accuse dix ans de retard, et qui a licencié Alfredo di Maro chargé du système de désenfumage ainsi que le directeur technique. Accusé de ne pas avoir rempli son cahier des charges et d’avoir mis en péril la vie d’autrui, Di Maro avait été évincé du projet alors que les tests de contrôles de sécurité s’étaient avérés parfaitement corrects.

Que fait le spectateur ? Il est invité à déconstruire le sujet, à devenir témoin et à suivre son groupe. Ainsi dans l’espace Transparency, on se trouve à un poste d’observation surplombant le chantier, derrière un rideau. On nous montre la corruption, venant de Belgrade, de France – l’entreprise Lafarge opérant à Alep pendant la guerre en Syrie et versant des millions à l’État islamique pour continuer son business – ; d’Allemagne, avec les éclairages de Philippe Starck prévus pour une passerelle, devenus simples néons bon marché ; les pots de vin d’Alsthom pour le métro de Tunis ; la gabegie des pièces de la centrale de Flamanville fabriquées par Areva, récupérées par le groupe Bolloré puis revendues à Areva pour le double de leur prix, avec, derrière, le spectre des réseaux de type Opus Déi.

Que fait le spectateur ? Il devient parfois acteur, portant sa pierre à l’édifice (au sens physique et concret du terme), comme dans Main d’œuvre où il participe à la construction d’un mur ; dans le Droit de la construction il choisit son groupe, privé ou public et menace l’autre groupe esquissant des mouvements de karaté initiés par l’avocat-expert. Il se couche sur le sol où une travailleuse chinoise lui chuchote à l’oreille la beauté des paysages chinois devenus cauchemars de béton et l’invite à mimer les travaux : taper, visser etc. Dans la station Mumbai, mégapole de 20 millions d’habitants et ville de Bollywood il est invité à réfléchir à des propositions pour une vie meilleure, à les écrire et à les afficher. Dans la séquence Investisseurs qui se déroule à huis-clos à l’intérieur de l’algéco, autrement dit au Ritz Carlton de Genève, il entre dans un jeu de rôles pour la gestion des fonds. Entre monopoly et rendez-vous secret pour faire, si ce n’est tourner les tables, du moins tourner les têtes des hommes d’affaires, ou encore comme le jeu de la roulette au casino, il jongle entre investissements et fonds de pension menant à l’écroulement de la monnaie, et jusqu’au taux d’intérêt à 0% de la BCE.

Le Collectif Rimini Protokoll s’est constitué en 2000 scellant la rencontre entre Stefan Kaegi, Daniel Wetzel et Helgard Haug. Les trois artistes s’étaient rencontrés dix ans plus tôt au cours de leur formation à l’Institut des Sciences théâtrales appliquées de Giessen, en Allemagne. Cargo Sofia X sur le monde des camionneurs a fondé, en 2006, leurs principes de travail : témoigner du réel, en le décalant et faire porter leurs messages par un réseau d’experts qu’ils invitent à jouer leur propre rôle, mettant le spectateur au cœur du dispositif. Ils ont beaucoup produit, sur des sujets hétéroclites, beaucoup tourné. Par exemple, Breaking News en 2008 démontait la fabrication des journaux télévisés, et, la même année, Black Tie évoquait la problématique de l’adoption. Ou encore, un parcours audioguidé dans Berlin en 2011, 50 Aktenkilometer Berlin menait les spectateurs sur les traces de la Stasi et traitait du problème de la responsabilité collective.

Rimini Protokoll réalise des enquêtes approfondies et se transforme en journaliste d’investigation pour évoquer, sans filet, les tensions de nos sociétés. Il s’adresse au citoyen-spectateur et l’encercle d’abondantes informations touchant, sous un autre angle de vue, à une réalité en principe connue qu’on lui propose  d’approfondir. La préparation est un long temps de gestation. Ici, les différents scandales mis bout à bout, d’un côté de la planète à l’autre, interpellent et inquiètent. On est sur la ligne de crête de ce qu’on appelle spectacle, signé ici pour le concept et la mise en scène par Stefan Kaegi. Plutôt performance, voire agit-prop ; ni métaphore ni esthétique, le chantier est une copie de la réalité, à l’état brut, et toutes les technologies sont au service de l’entreprise, en termes de son, réseaux, images et dispositif.

Brigitte Rémer, le 29 juillet 2021

Avec – La conseillère en investissement : Mélanie Baxter-Jones (actrice) – L’avocat du droit de la construction : Geoffrey Dyson (acteur) – L’urbaniste : Matias Echanove (Urbz) – Le spécialiste des insectes bâtisseurs : Laurent Keller (UNIL) – La représentante de Transparency International : Viviane Pavillon (actrice) – L’ouvrier : Alvaro Rojas-Nieto – La travailleuse chinoise : Tianyu Gu – L’entrepreneur : Mathieu Ziegler (acteur) – Scénographie : Dominic Huber – Recherches : Viviane Pavillon – Création sonore : Stéphane Vecchione – Dramaturgie : Manuel Schipper – Assistanat à la mise en scène : Tomas Gonzalez – Régie générale : Stéphane Janvier – Régie lumière : Christophe Kehrli – Régie son : François Planson – Régie plateau : Mathieu Pegoraro et Sandra Schlatter – Régie vidéo : Marc Vaudroz.

Du vendredi 23 au lundi 26 juillet – Vendredi et lundi à 20h – Sam et dim à 16h et 21h, au Grand Palais Éphémère – Place Joffre/ Champ-de-Mars. 75007. Paris – Coréalisation La Réunion des musées nationaux – Grand Palais, le Festival Paris l’été et La Villette

D’après une histoire vraie

© Marc Domage

Chorégraphie de Christian Rizzo, avec le Centre Chorégraphique National de Montpellier/ICI, au Lycée Jacques Decour, dans le cadre de Paris l’été.

Pour prolonger une émotion qu’il avait eue en assistant à une danse traditionnelle, à Istanbul, brève mais pleine d’énergie, Christian Rizzo a fait jouer la mémoire et tenté de transcrire la perception de ce moment d’intensité. Accompagné de huit danseurs, exclusivement hommes, pieds nus en jeans et tee-shirt, il a cherché de nouvelles formes, entre une expression populaire et la danse contemporaine.

Deux batteurs compositeurs, Didier Ambact et King Q4, exceptionnels, jouent en live, sur un podium qui mange un morceau du plateau. Ils portent le spectacle. D’un côté à l’autre de la scène, les danseurs lancent les bras en contrepoids à leurs fléchissements, ondulent de manière répétitive et lancinante, se rassemblent en une ronde furtive et derviche, se clouent les mains dans le dos comme des prisonniers, dialoguent avec les rythmes en tension. Ils glissent au gré des tempos donnés qu’ils construisent en motifs et figures et se fondent dans les lumières de Caty Olive. Par petites touches ils vibrent dans les embruns méditerranéens, d’un pas de bourrée ou de sirtaki, mêlés en un collectif hésitant entre force et fragilité.

Christian Rizzo, directeur de l’Institut Chorégraphique International/ Ici – CCN de Montpellier depuis 2015 avait créé cette pièce deux ans plus tôt au Festival d’Avignon, basée sur les réminiscences de ce fugace moment de communion traditionnelle perçu à Istanbul. Il construit un triptyque dont les deux autres pièces s’intitulent respectivement Ad noctum et Le syndrome ian encore en élaboration. L’homme est touche-à-tout, il est passé par le rock, la mode et les arts plastiques qui interfèrent souvent dans l’univers de ces recherches. Il avait longtemps dansé avec Hervé Robbe et Rachid Ouramdane avant de créer sa compagnie, l’association Fragile, en 1996.

Ses chemins de traverses passent ici par la narration autant que l’abstraction et dessinent des espaces de récits discontinus, moitié rituel moitié transe. On voyage sur une place de village au temps suspendu, à travers les énergies solaires et pratiques collectives. Le système d’écriture et l’espace des pulsions portés par le chorégraphe, les musiciens et les danseurs,  inscrivent les pleins et les déliés d’un geste un jour ébauché de l’autre côté de la Méditerranée. La ronde dansée devient immanence, transcendance et universalité.

Brigitte Rémer, le 12 août 2019

Du 31 juillet au 3 août 2019, à 22h – Au Lycée Jacques Decour, avenue Trudaine. 75009 – métro : Anvers – Site www.parislete.fr

Conception, chorégraphie, scénographie et costumes : Christian Rizzo –  Interprétation : Fabien Almakiewicz, Yaïr Barelli, Massimo Fusco, Miguel Garcia Llorens, Pep Garrigues, Kerem Gelebek, Filipe Lourenço – Roberto Martínez – musique originale et musique live Didier Ambact et King Q4 – création lumières Caty Olive – assistante artistique Sophie Laly – régie générale Jérôme Masson – arrangements sonores Vanessa Court – régie lumière et vidéo Arnaud Lavisse, Samuel Dosière.

 

Italienne scène et orchestre

© Alain Dugas

Texte et mise en scène Jean-François Sivadier, à la MC 93 Bobigny. Dans le cadre du Festival Paris l’été.

Ce pourrait être un sévère pamphlet sur l’opéra, c’est avant tout un déchainement d’humour qui souffle le chaud-glacé, une tartine d’ironie bien assaisonnée, un pavé dans la mare des ego artistiques. Le spectateur assiste à l’élaboration de La Traviata, de Verdi, à des répétitions qui tiennent davantage de la bande dessinée et du feuilleton que de l’opéra. Il est engagé comme choriste dans la première partie du spectacle et se trouve sur la scène, face à une salle vide ; il est instrumentiste en seconde partie, devant un pupitre et la partition, dans la fosse d’orchestre d’où il suit l’action en contre plongée.

Protagoniste malgré lui, le public est accueilli par Jean-François Sivadier – auteur et metteur en scène de la pièce, Italienne scène et orchestre – au titre ici de chef de chœur, sa partition dans la première partie du spectacle ; par Nicolas Bouchaud, dans la pièce metteur en scène de La Traviata, qui a du fil à retordre avec les artistes pour faire passer ses messages et honorer son cahier des charges ;  par son assistante, Nadia Vonderheyden, avec qui il forme un pétillant duo.

L’adresse se fait en direct du chef de chœur, rude et provocateur, au spectateur/choriste – seul et dans un ensemble, comme au théâtre : « A quelle école étiez-vous ? J’en étais sûr, ils vous apprennent à jouer pour les abonnés. Vous devez jouer pour celui qui ne sait rien, qui vient à l’opéra pour la première fois… » Il est contredit par le metteur en scène, en recherche d’une théâtralité affirmée et mis sur le banc de touche. Chacun défend férocement son territoire.

Le spectateur assiste aux errements de la création, face aux acteurs-chanteurs interprètes de La Traviata, pris sur le vif des fausses belles idées qu’ils proposent au metteur en scène : une jeune chanteuse de bonne volonté (Marie Cariès) et un ténor sûr de lui, bien loin de la demande et de l’attente du metteur en scène (Vincent Guédon) ; une diva qui se fait attendre et se donne toutes les libertés (Charlotte Clamens) et sa doublure qui peine à trouver la juste chute (Nadia Vonderheyden).

Si la pièce interroge la création et ce que représenter veut dire, elle est aussi un superbe divertissement. Le rire est présent et l’humour, enchanteur plutôt que grinçant. C’est pur plaisir de voir Jean-François Sivadier en chef d’orchestre dans la seconde partie, face au dépit de Nicolas Bouchaud. Créée en 1996 au Cargo de Grenoble sous le titre Italienne avec Orchestre, reprise à différents moments dont en 2003 au Théâtre National de Bretagne et en 2006 à l’Opéra de Lille, la pièce, devenue emblématique de la compagnie, n’a cessé d’évoluer. Elle repose sur la notion de collectif à laquelle Jean-François Sivadier est sensible pour avoir cheminé aux côtés de Didier-Georges Gabily, comme d’ailleurs Nicolas Bouchaud avec qui il travaille depuis une vingtaine d’années.

Sivadier a monté Brecht, Shakespeare et Claudel, Büchner, Beaumarchais et Molière. Il connaît l’opéra et travaille régulièrement avec celui de Lille. Il a d’ailleurs mis en scène La Traviata au festival d’Aix-en-Provence, en 2011. Les relations entre metteurs en scène, musiciens, chefs d’orchestre et de chœur, ne semblent guère avoir de secret pour lui.

De cette expérience où la frontière entre acteurs et spectateurs s’efface, il y a le théâtre à travers l’opéra, la dérision et le rire. Et il y a le plaisir du spectateur.

Brigitte Rémer, le 15 juillet 2018

Avec Nicolas Bouchaud, Marie Cariès, Charlotte Clamens, Vincent Guédon, Jean-François Sivadier, Nadia Vonderheyden. Collaboration artistique Véronique Timsit – son Jean-Louis Imbert – lumière Jean-Jacques Beaudouin – assistante technique Léa Sarra – stagiaire à la mise en scène Djo Ngeleka.

 Du 9 au 28 juillet 2018, à MC93 Bobigny, Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis – 9 boulevard Lénine 93000 Bobigny – Métro Bobigny Pablo-Picasso. Sites : www.mc93.com et www.parislete.fr – tél. : 01 44 94 98 00.