Du 17 au 19 mars 2023, à la Mairie du 6ème arrondissement, Paris
La deuxième édition du Salon du livre africain de Paris s’est tenue à la mairie du 6ème arrondissement pour présenter le meilleur de la littérature africaine. Plus de deux cents auteurs, soixante éditeurs et libraires étaient présents. La Guinée en était l’invité d’Honneur.
Deux grandes personnalités ont été honorés : Nelson Mandela, ancien président de l’Afrique du Sud, qui passa sa vie à lutter contre l’apartheid, pour les dix ans de sa disparition ; le grand réalisateur Ousmane Sembène dont on fêtait le centenaire en présence de son fils, Alain Sembène, de l’acteur et réalisateur sénégalais Sidiki Bakaba, de Valérie Berty qui a publié chez Présence Africaine Ousmane Sembène, un homme debout.
Les plus prestigieux espaces de la Mairie du 6ème ont été mis à la disposition des auteurs, présents pour signer leurs dernières parutions et des éditeurs des littératures d’Afrique, indépendants ou ayant pignon sur rue. Pendant trois jours la Mairie fut une véritable ruche et un espace de fraternité où les interactions furent nombreuses et généreuses. Un Carrefour des droits a accueilli de nombreux éditeurs, pour faire circuler l’information sur la vente ou l’achat des droits des cessions et co-éditions. Des associations oeuvrant dans le domaine du livre étaient également présentes pour être l’interface des initiatives proposées, comme ADCF Africa qu’a créé Agnès Debiage qui travaille depuis de nombreuses années sur le continent africain, propose un accompagnement individualisé et organise des ateliers.
Le programme du week-end était chargé, avec de nombreuses activités proposées dont des conférences et tables rondes et la participation de nombreux artistes, danseurs, diseurs, slameurs et musiciens. Une parmi d’autres, la table ronde sur La Philosophie en toutes lettres, modérée par Ousmane Ndiaye, journaliste à TV5 Monde, a retenu notre attention. Souleymane Bachir Diagne, auteur de L’Encre des savants et directeur de la collection « La Philosophie en toutes lettres » chez Présence Africaine y présentait les deux derniers nés de la collection, en la présence de leurs auteurs : SE. Jean-Luc Aka Evy, auteur de Le Cri de Picasso, les origines nègres de la modernité, ambassadeur du Congo au Sénégal et Daniel Dauvois, auteur de Anton Wilhem Amo, une philosophie de l’implicite ont présenté leurs ouvrages et engagé la conversation. Nous reviendrons ultérieurement sur Le Cri de Picasso.
Le Grand Prix Littéraire d’Afrique noire, à la fois grand classique et découvreur d’auteurs – qui a vu le jour il y a bientôt un siècle – devait arbitrer son choix entre les huit finalistes : Kangni Alem, Pierre Amrouche, Dominique Celis, Gauz, Nadia Yala Kisukidi, Noël Netonon Djekery, Sami Tchak et Beata Umubyeyi Mairesse. Le Prix a été attribué à l’écrivain tchadien Noël Netonon Ndjekery pour son roman intitulé Il n’y a pas d’arc-en-ciel au paradis publié aux éditions Hélice Hélas. De grands écrivains ont, au fil des ans, reçu ce Prix, dont Amin Maalouf et Agota Kristof en 1986, Ahmadou Kourouma en 1990, Assia Djebbar en 1996.
Côté événements, franc succès pour le slam avec les présentations et spectacles de : Bademba Barry, grand slameur guinéen et figure montante du slam en Guinée et en Afrique ; Yaya Ezail Kasse, créateur d’un personnage, le Parolier du Sud, un de ses compatriotes ; Aimé Nouma, slameur engagé, surnommé le Black Titi 2 Panam, qui vient de sortir un hommage slam à Manu Dibango. Soraya Ebelle a proposé un mini spectacle transdisciplinaire où se mêlaient le traditionnel et le contemporain en musique, danse et poésie ; Vola Alice a joué de la Valhia, instrument traditionnel, sorte de cithare en bambou, de Madagascar ; l’artiste guinéen Abou Kouyaté a fait chanter sa kora qu’il pratique depuis l’âge de cinq ans tout au long du week-end ; plusieurs films ont été présentés dont celui de Mahamat Saleh Haroun, Lingui, les liens sacrés, sélectionné au Festival de Cannes 2021 ; une galerie africaine a montré les œuvres de l’artiste guinéenne Fatou-Mata et de l’artiste togolais Yaho Metsoko. La maison Kroskel, fondée par Ornella Djoukui qui travaille principalement au Cameroun mais aussi en France, présentait son défilé de mode. Une grande fête a clôturé la soirée dans Paris, en l’honneur de la Guinée, pays phare de l’édition 2023.
Une belle énergie collective s’est dégagée de cette édition, très réussie, à la fois professionnelle et bon enfant, l’Association des Écrivains de la Langue Française (ADELF), qui l’organise est à féliciter. Dans l’attente de l’édition 2024 !
Brigitte Rémer, le 21 mars 2023
Salon du livre africain, vendredi 17 mars, 14h-18h – samedi 18 et dimanche 19 mars 2023, 11h-18h – entrée libre, Mairie du 6ème arrondissement, 78 rue Bonaparte, 75006 Paris – métro : Saint Sulpice, Mabillon, Odéon, RER: Luxembourg.
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