Conception, mise en piste et interprétation Johann Le Guillerm – Cirque ici, à la Friche industrielle Babcock de La Courneuve
Dans une imposante halle de la Friche Babcock sont posées trois structures de bois, monumentales et légères à la fois – l’Amu, l’Indrique et Le Crisalide (prototype 1) réalisées par Johann Le Guillerm. Ce sont des sculptures autoportées sans clous ni vis qu’il nomme Architextures, par syncrétisme entre le mot architecture pour leur forme et le mot texture pour leur maillage. D’une grande élégance, elles introduisent au Secret, ce spectacle né de la recherche menée par l’artiste depuis plusieurs années, qu’il intitule Attraction et qu’il présente sous un chapiteau installé dans la même halle. «Je ne fais plus de nouveaux spectacles, je continue…» dit-il, présentant le temps 2 de ses réflexions en mouvement, dont le temps 1 avait vu le jour en 2003. Autant dire que Johann Le Guillerm est un coureur de fond et qu’il remet sur le métier l’ouvrage, expression de sa technicité de haute voltige, de sa philosophie et de son esthétique et que ses recherches s’inscrivent dans un véritable processus.
Son spectacle s’éloigne de l’univers classique des techniques du cirque auxquelles il est formé – il est issu de la première promotion du Centre National des Arts du Cirque, a travaillé avec Archaos, participé à la création de la Volière Dromesko et co-fondé le Cirque O avant de créer sa compagnie, Cirque ici, il y a vingt ans -. Il tient de la performance dans toute l’acception du mot : performance en termes de virtuosité, par l’organisation des planches et matériaux de bois que l’artiste déplace et organise, secondé par quatre assistants, et performance au sens des arts visuels. Johann Le Guillerm réalise sous les yeux des spectateurs des figures d’architextures, véritables miracles s’érigeant sous ses mains de magicien. Particulièrement concentré malgré la proximité du public, l’artiste élabore et construit son univers, physique et mental, et interroge l’équilibre, les formes et le mouvement. Au sommet des mâts qui soutiennent le chapiteau, la régie lumière et la régie son, pointues et attentives.
Johann Le Guillerm se fond dans le matériau noble qu’il utilise, le bois, s’enroule et se déroule avec, l’enjambe et glisse comme on marche sur l’eau, l’effleure, épouse ses formes. Il est aux aguets, construit ses plissés au sens où Deleuze parle des plis, les déconstruit, imagine de nouvelles structures, un autre monde, simple et sophistiqué, d’autres utopies élaborées à l’extrême de la mathématique, quand elle rejoint la philosophie. C’est de la matière, un équilibre, des flux et de la poésie à l’état brut qui tissent son univers et qu’il fait partager.
Brigitte Rémer, 5 octobre 2016
Interprétation musicale Alexandre Piques – création lumière Hervé Gary – création musicale Thomas Belhom – régie lumière Cyril Nesci – régie piste Franck Bonnot, Zoé Jimenez, Anaëlle Husein Sharif Khalil
24 septembre au 1er octobre Friche industrielle Babcock, La Courneuve, Secret (temps 2) et Architextures – 8 octobre, Cirque Jules Vernes, Amiens, La Transumante – 26 novembre, Tandem Hippodrome de Douai/Théâtre d’Arras, La Transumante et 29 novembre au 9 décembre, Attraction – 19 janvier au 19 février Biennale Internationnale des Arts du Cirque, Marseille, Attraction – 9, 10 et 11 mars, création au Cirque Théâtre d’Elbeuf et le 17 mars au CDN de Caen dans le cadre de Spring, Festival des nouvelles formes de cirque en Normandie, Le Pas Grand Chose – 21 mars au 1er avril, Le Monfort, Paris, Le Pas Grand Chose – 4, 5, 7 et 8 avril, Le Volcan, Scène nationale du Havre, Le Pas Grand Chose – 13 mars au 13 avril, Les Treize Arches, Scène conventionnée de Brive, Les Imperceptibles – 11 et 12 avril – Les Treize Arches Scène conventionnée de Brive, Le Pas Grand Chose – 3 et 4 mai Tandem Hippodrome de Douai-Théâtre d’Arras, Le Pas Grand Chose.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.