L’édition 2018 du Festival d’Avignon se tiendra du 6 au 24 juillet, sous l’égide du soleil et du petit vin local, dans la Cité des Papes. Singularités, en est le thème.
Après une énumération à la Pérec de tous les financeurs et partenaires, Olivier Py, directeur du Festival, rend hommage à ses équipes en énonçant un long générique. Il fait un rapide bilan de l’édition passée : 20 % de spectateurs âgés de moins de 30 ans, 16% venant pour la première fois au Festival, un budget de treize millions d’euros et des subventions de sept millions deux cent mille. L’étude sur les retombées économiques du Festival, réalisée par l’Université d’Avignon et des Pays du Vaucluse, confirme les liens positifs entre les champs culturel et économique. Cent treize mille billets sont à la vente cette année.
47 spectacles dont 8 sujets à vif en partenariat avec la SACD, une répartition équitable entre spectacles étrangers et spectacles français, différentes disciplines – théâtre, musique, danse, expositions – se partagent l’affiche. Trente-cinq d’entre eux sont des créations. Côté théâtre, les classiques sont de retour avec Iphigénie, montée par Chloé Dabert et Tartuffe, par le metteur en scène lituanien Oskaras Korsunovas. Thomas Jolly donnera le coup d’envoi dans la Cour d’Honneur, avec Thyeste, de Sénèque.
Le thème du genre sera mis en exergue avec ses Singularités, car derrière la notion de trans-identité, se profile « une autre façon de penser le monde et la démocratie » dit Olivier Py. « L’artiste est important s’il est singulier, c’est sa marque du réel, son combat » ajoute-t-il. Didier Ruiz, travaillant entre Paris et Barcelone prépare un spectacle intitulé Trans (Més Enllà) ; Phia Ménard présentera Saison sèche ; Mickaël Phelipeau Ben et Luc, une chorégraphie venant du Burkina Faso ; Jan Martens, travaillant à Anvers, Ode to the attempt.
Le Festival porte une attention particulière à la jeunesse, à commencer avec l’affiche du Festival, réalisée cette année par la plasticienne Claire Tabouret. Des enfants nous regardent, empreints d’une certaine gravité : « Dans quel monde allons-nous vivre » semblent-ils questionner ? De nombreuses actions à l’attention des jeunes sont proposées : un volet de théâtre tous publics avec beaucoup de représentations et d’ateliers, un guide du jeune spectateur, un travail de sensibilisation en amont pour préparer la venue des jeunes aux spectacles, un partenariat avec les CEMEA, avec les collèges et lycées d’Avignon – travail qui se développe aussi pendant l’année entre deux festivals avec l’Éducation Nationale, à raison de huit-cents heures d’interventions, ce qui donne plus de sens encore à l’action artistique menée – un passeport Jeunes proposant quatre spectacles pour 10 euros, la participation des maitrises de l’Opéra d’Avignon et de l’Opéra comique.
Le Festival sort aussi de ses remparts et se décentralise dans un rayon de trois kilomètres autour de la ville, seize lieux du Département sont associés. Ainsi le spectacle Ahmed revient – après Ahmed le subtil – d’Alain Badiou, monté par Didier Galas, circulera. Le Centre pénitentiaire Avignon-Le Pontet sort de ses murs pour présenter dans un nouveau lieu, “La Scierie”, Antigone de Sophocle à partir du travail mené dans l’année avec les prisonniers par Olivier Py et Enzo Verdet. Olivier Py présentera dans ce même lieu son spectacle, Pur présent.
La richesse de la programmation, française et étrangère, se fait l’écho d’un réel travail de réflexion. 36, avenue Georges Mandel, spectacle de Raimund Hoghe, venant de Dusseldorf, parle de La Callas, à partir de la dernière adresse où elle a vécu. Des spectacles venant entre autres d’Iran, d’Egypte, de Syrie, du Liban, du Portugal sont présentés et côtoient la création en VF. L’École du Nord, de Lille, dirigée par Christophe Rauck, présentera un « arrangement » du Pays lointain, d’après Jean-Luc Lagarce avec un groupe d’apprentis acteurs ; David Bobbée animera sur un mode ludique le feuilleton théâtral de midi au Jardin Ceccano : Mesdames, Messieurs et le reste du monde.
De nombreuses propositions partenaires sont à l’affiche du Festival dont Les Ateliers de la pensée en collaboration avec l’Université sur son site Pasteur, France Culture et Arte ; des débats sur les neurosciences, en partenariat avec le Conseil Régional Provence Alpes Côte-d’Azur ; les Rencontres Recherche et Création en Avignon avec l’Agence Nationale de la recherche ; les Nouvelles écritures dramatiques européennes avec la participation de plusieurs écoles de théâtre dont celle du Théâtre national de Strasbourg et la Maison Antoine Vitez-Centre international de la Création théâtrale autour des auteurs haïtien Guy Régis Junior et congolais Tchicaya U’Tamsi ; les Territoires cinématographiques en partenariat avec les cinémas Utopia ; Le cloitre Saint-Louis reste le lieu emblématique du Festival pour les professionnels du domaine artistique et culturel.
Au-delà de la réalisation de l’affiche, Claire Tabouret présentera ses Peintures à l’Église des Célestins et à la Collection Lambert. Une exposition sur Jeanne Moreau, une vie de théâtre sera proposée et Une histoire du Festival d’Avignon en 72 affiches, pour cette 72ème édition. Le Festival d’Avignon 2018 s’annonce ouvert et passionnant, il promet de belles émotions. « Nous avons l’espoir d’un changement de genre politique qui n’assigne plus notre devenir à la nécessité économique et aux dieux obscurs de la finance » écrit Olivier Py dans son introduction à la présentation de programmation, « nous apprenons à désirer autre chose pour que les générations à venir conservent l’ivresse du possible. »
Brigitte Rémer, le 5 avril 2018
Conférence de presse du 72ème Festival d’Avignon, le 28 mars à La FabricA d’Avignon, le 29 mars à Chaillot-Théâtre national de la Danse. Le programme complet sera disponible début mai sur le site : www. festival-avignon.com – la billetterie ouvrira le 11 juin 2018 sur ce même site.
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