Spectacle de danse de Bienvenue Bazié et Auguste Ouédraogo, dans le cadre des Traversées africaines, au Tarmac-La Scène Internationale Francophone.
Des panneaux de toile écrue tombant des cintres forment une harmonieuse scénographie, donnant de la perspective et permettant des lignes de fuite. Ils servent aussi d’écrans où s’inscrivent des jeux d’ombre et se projettent des images. Le danseur – Bienvenue Bazié – s’y faufile et trace son chemin labyrinthe, entre passé et présent. Le geste est gracieux et récurrent, le danseur chorégraphe fait récit de sa vie.
Peubléto signifie Rêves et réalités, en lyélé, la langue de l’un des sous-groupes ethniques du Burkina Faso, son pays. Avec subtilité il interroge son parcours, de la genèse des rêves à la réalité du danseur qu’il est devenu, lui dont l’avenir ne s’inscrivait pas dans un métier artistique. « Chorégraphie, je ne sais pas ce que c’est », dit la mère, dont il livre les réactions et qui danse elle-même selon la tradition. Les images vidéo participent du récit, dialoguent entre elles et avec le danseur, elles montrent aussi le père dans sa danse minérale enracinée dans la terre, et dans sa réaction face à la volonté de son fils : « J’espère que tu sais ce que tu fais. »
Des bribes de paroles, une berceuse, l’inquiétude des parents sur l’avenir du fils, des musiques, des rythmes, quelques notes de piano, renvoient une émotion et du sensible en même temps qu’éclate la vie, dans les images et sur le plateau. Bienvenue Bazié est seul en scène. Auguste Ouédraogo l’accompagne dans la chorégraphie. Ils ont monté ensemble une huitaine de spectacles et font des bouts de chemin entre Ouaga et Paris. Ils se font ici l’écho de l’expression du corps et de l’âme, et Bienvenue habite son histoire comme il habite le monde, débobine et rembobine le fil rouge de sa vie et interroge la danse comme un trésor commun. Parfois le geste se suspend.
Cette pièce parle de la mémoire et de la transmission entre les générations. Elle est un hommage plein de tendresse à sa filiation, ascendante et descendante. Énergie et maitrise résument son travail, l’image fait partie de l’écriture scénique et complète l’introspection sur son parcours. Tout fonctionne et s’emboite : les images de Grégory Hietin qui capte les gestes et les silences des parents de Bienvenue, à Ouagadougou ; la scénographie de Marc Vallandon qui permet la superposition et le glissement des univers, ici et là-bas, éclairée par les lumières de Fabrice Barbotin ; l’univers musical d’Adama Kouanda, mêlant instruments classiques et sons électroniques aux sonorités traditionnelles. Tout contribue à la réussite du spectacle et le danseur, tel un laboureur, creuse son sillon.
Brigitte Rémer, le 25 mars 2018
Conception, direction artistique Bienvenue Bazié, Auguste Ouédraogo – chorégraphie, interprétation Bienvenue Bazié – Assistanat chorégraphie Auguste Ouédraogo – composition musicale Adama Kouanda – vidéo Grégory Hiétin – création lumière Fabrice Barbotin – scénographie Marc Vallandon.
23 et 24 mars 2018, Le Tarmac- La scène internationale francophone – Traversées africaines / 3ème édition – 159, avenue Gambetta – 75020 Paris – Tél. : 01 43 64 80 80 – site : www.letarmac.fr
En tournée : 8 au 16 mars à Bordeaux (Glob Théâtre) – 23 et 24 mars à Paris (Le Tarmac) – 3 mai à Floirac/Maison des savoirs partagés/CDCN Bordeaux – 17 mai à Thourotte/Oise (Centre culturel de Thourotte) – 18 mai à Montataire/Oise (Le Palace).
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