Exposition au Musée des Beaux-Arts de Dijon, en coproduction avec le Musée du Louvre et la Réunion des musées nationaux-Grand Palais – commissariat Dijon Catherine Tran-Bourdonneau, conservatrice du patrimoine, chargée des collections extra-européennes au Musée de Dijon.
Une manifestation d’ampleur nationale rassemble dix-huit expositions dans dix-huit villes de France* sur le thème Les Arts de l’Islam. Un passé pour un présent, initiative du département des Arts de l’Islam du Musée du Louvre, sous le commissariat général de Yannick Lintz.
Dans chaque ville, dix œuvres exceptionnelles ont été choisies, comme « témoins matériels de cette civilisation islamique aux multiples cultures, langues et religions, qui parlent, nous instruisent et nous éclairent », oeuvres faites de matières précieuses comme l’ivoire, le cristal, la céramique fine, le métal ciselé, les soies, les parchemins et papiers rares, les pierres dures. De l’Espagne à l’Inde, du Maghreb à l’Asie centrale, ces objets d’art traduisent le faste et la magnificence des pouvoirs politiques, ses plus importants commanditaires : des califes de Damas, de Bagdad ou de Cordoue, des sultans égyptiens fatimides et mamelouks, des sultans du Maroc, des rois d’Iran, des empereurs ottomans ou indiens et les influences des cultures indiennes et chinoises, ou de l’art européen. En fonction du contexte dans lequel elles s’inscrivent, les œuvres d’art du monde islamique nous plongent dans un univers religieux ou profane.
A Dijon, treize œuvres émanant des collections du Musée des Beaux-Arts, de celles de la Bibliothèque de Dole, du Fonds Régional d’Art Contemporain (FRAC) de Bourgogne ainsi que du Louvre, témoignent de la riche histoire de l’Islam et de l’importance des évolutions qui la traversent. Acquisitions du Musée des Beaux-Arts de Dijon, on peut y voir des Boîtes de toilette en ivoire et peinture dorée, du XIVème ou XVème siècle, ayant appartenu aux duchesses de Bourgogne, venant soit de Sicile, soit de Grenade et du sud de l’Espagne ; une Bouteille en verre soufflé et émaillé à décor peint, de l’Égypte mamelouke du XIVème siècle ; un Coffret de balances pour orfèvre iranien, en bois, laque, papier, métal et laiton, servant à la pesée des bijoux ou de métaux précieux, du XIXème siècle ; un Portrait de jeune femme à la rose datant de la dynastie persane des Qajars du XIXème siècle, peinture sur verre aux couleurs chatoyantes peint au verso et orné de rehauts d’or ; un Coffret au décor de marqueterie du dernier royaume islamique de Grenade, datant du XIVème siècle ; un Poignard indien avec fourreau en métal ciselé et doré, à la poignée damasquinée d’or, du XVIIIème siècle ; deux Tapis, du XIXème siècle, l’un venant de Turquie, en laine et velours de laine, l’autre, d’Iran, en coton, laine et velours de laine, un art du tapis très prisé en Europe, à partir du XIXème siècle.
Deux précieux objets ont été prêtés par le Musée du Louvre : une Lampe de mosquée en métal ajouré, du XIème siècle, provenant de Syrie ou de Palestine et suspendue au dôme du Rocher de Jérusalem, dans laquelle est inscrit en coufique et se répète « Il n’y a de Dieu que Dieu » ; la Page d’un manuscrit, une miniature persane du XVIIème siècle représentant un haut dignitaire de la cour de l’Empire Ottoman. La Médiathèque d’Agglomération du Grand Dole a confié au Musée de Dijon Le Grand Coran attribué à Ali Quli Jabba Dar (Égypte) et magnifiquement calligraphié sous la dynastie des Mamelouks, datant du XIVème ou XVème siècle. Le FRAC Bourgogne présente une installation contemporaine intitulée Table militaire et sept tapis afghans, du sculpteur Michel Aubry, sa lecture et son regard citoyen sur les enjeux politique entre l’Orient et l’Occident, fabriquée en canne de Sardaigne, contreplaqué, onze anches et sept tapis.
En introduction à l’exposition nous sont montrés sur un atlas audiovisuel les principaux hauts lieux artistiques à travers le monde islamique : la Rue Ben M’hidi d’Alger (Algérie), les Jardins de l’Alhambra de Grenade (Espagne), la Mosquée du Sultan Hassan au Caire (Égypte), la Grande Mosquée de Damas (Syrie), le Palais de Topkapi à Istanbul (Turquie), les Mausolés royaux de Samarcande (Ouzbékistan), le Palais de Fatehpur Sikri, capitale de la dynastie Moghole au XVIème siècle (Inde). Par ailleurs un repérage du monde islamique en quelques dates part de la fondation de Kairouan, en Tunisie, en 670.
Le musée des Beaux-Arts de Dijon possède l’une des plus belles collections d’art islamique en France. Quelques-uns de ses chefs-d’œuvre sont réunis dans cette exposition qui s’inscrit dans une dynamique nationale. Les Arts de l’Islam – Un passé pour un présent témoigne de la circulation des objets, des formes et des techniques artistiques ainsi que des échanges noués avec le continent européen ; autour, toute une programmation culturelle est proposée sous forme d’ateliers, de nocturnes et de visites commentées, pour les individuels ou pour les groupes-classes notamment, prolongeant les thèmes de réflexion sur la place de l’image et des représentations dans le contexte religieux comme profane, la calligraphie, l’art du livre et des enluminures, la ville, le palais et l’objet comme signe de prestige social. Une magnifique initiative !
Brigitte Rémer, le 13 février 2022
Jusqu’au 27 mars 2022, de 9h30 à 18h (sauf le mardi), au Musée des Beaux-Arts/Palais des Ducs et des États de Bourgogne, 1 rue Rameau. 21000. Dijon – site : expo-arts-islam.fr
*Dans 18 villes de France : Angoulême, Blois, Clermont-Ferrand, Dijon, Figeac, Saint-Louis de la Réunion, Limoges, Mantes-la-Jolie, Marseille, Nancy, Nantes, Narbonne, Rennes, Rillieux-la-Pape, Rouen, Saint-Denis, Toulouse, Tourcoing – Publication : Les Arts de l’Islam – Un passé pour un présent, Louvre Éditions, RMN-Grand Palais (13,50 euros).