Deux raisons de se réjouir au Centre culturel égyptien de Paris où on fête la Journée internationale des droits des Femmes, comme partout dans le monde, doublé pour l’Égypte, de L’Année Culturelle France Egypte qui vient tout juste de débuter (cf. notre article du 22 février).
Conseillère culturelle près l’Ambassade d’Égypte en France et directrice du Bureau Culturel Égyptien à Paris, c’est une femme, Nivine Khaled, qui accueille, en ce 8 mars, femmes et hommes venus honorer la Journée internationale de la Femme.
La soirée proposée se compose de trois séquences. Elle débute par la projection du film Past in peace/ Repose en paix, en présence de la réalisatrice Dina Abdel Salam qui réalise une fiction-documentaire sur deux sœurs, femmes de milieu populaire dont la seconde enterre son époux alors que la première est veuve déjà. On les suit dans leur reconstruction de femme seule et le rituel de leur vie quotidienne. Un échange avec la salle a suivi la projection.
La seconde partie consiste en un échange sur le thème de La femme égyptienne, une mosaïque de profils, réalisé par Lana Habib et Nivine Khaled. La conseillère culturelle rappelle que la Journée de la femme a été instituée dès 1910 au Congrès de Copenhague et qu’elle a été mise en pratique l’année suivante dans quatre pays : le Danemark, l’Autriche, l’Allemagne et la Suisse. En France, c’est depuis 1982 que l’on fête le 8 mars, décision du président François Mitterrand. Elle rappelle que le droit de vote a été donné aux femmes dans les Pays Scandinaves au début du XXè, en 1944 pour la France, en 1956 sous Nasser pour l’Égypte, et, en 2011 pour l’Arabie Saoudite. Dans tous les pays, la conquête pour la reconnaissance de l’égalité hommes/ femmes, est un long processus, en Égypte, il a débuté à compter de 1914, avec son inscription dans les constitutions successives. Dans le pays, 25% de femmes occupent aujourd’hui des postes ministériels – contre 50 % en France, 52% en Suède et 53% au Nicaragua -. Partout dans le monde le combat pour l’égalité entre hommes et femmes se poursuit.
Lana Habib, professeur à l’Université d’Alexandrie, exprime son plaisir de passer quelques jours en France alors qu’elle y fut, vingt ans plus tôt, boursière. Elle présente le phénomène des Vlogs – vidéo/blogs – qui, dans l’espace virtuel, fait fureur, notamment auprès des 16/24 ans. Les jeunes, jeunes femmes en tête, mettent leur parole de type journal intime, en vidéo et se mettent en scène, ce qu’elles ne feraient ni dans la vie ni dans l’espace public. Elles franchissent là une barrière à la manière d’une bravade et font le choix de l’authenticité. Lana Habib présente ainsi quatre profils de femmes qui s’expriment par leurs Vlogs, de professions diverses comme médecin, guide touristique, critique cinéma et designer.
La troisième partie présente un intense moment musical, le tour de chant de Farrah El Dibany sur les traces de Dalida. Jeune mezzo-soprano à la voix profonde, elle a travaillé au Centre des arts de la Bibliotheca Alexandrina à partir de 2005, est passée par l’Opéra de Berlin et le Festival de Bayreuth en Allemagne, par l’Opéra du Caire et a rejoint l’Académie de l’Opéra de Paris en 2016. Accompagnée ici au piano par Jeff Cohen, cette superbe jeune femme lamée d’argent, a donné avec intelligence et gaîté plusieurs chansons du répertoire de la grande dame, disparue en 1987 – Paroles Paroles, Bambino, Je suis malade, Il venait d’avoir dix-huit ans – et a terminé sur un air qu’affectionnait Dalida, Helwa ya Baladi, une chanson populaire égyptienne reprise nostalgiquement par la salle.
Cette soirée du 8 mars fut un joli moment, simple et chaleureux, qui s’est déroulé en présence de l’épouse de l’ambassadeur S.E.M. Ehab Badawy. Ladies first !
Brigitte Rémer, le 10 mars 2019
Vendredi 8 mars 2019 à 18H30, au Centre Culturel Egyptien, 111 Boulevard Saint-Michel, 75005 – RER : Luxembourg – Tél. : 01 56 89 50 30.