Falaise

© François Passerini

Texte et mise en scène Camille Decourtye, Blaï Mateu Trias – Compagnie Baro d’Evel – MC93 Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis.

Deux personnages égarés sur l’extrême avant-scène cherchent à pénétrer sur le plateau. Dès l’avant-propos du spectacle on entre dans l’absurde, la dérision, l’inventivité, la poésie. Quand le rideau se lève une envolée de pigeons blancs entoure un personnage beckettien, sorte de François d’Assise dont les oiseaux mangent dans la main et veillent sur lui.

Le monde de Baro d’Evel est plein de surprise et d’extravagance, de virtuosité. Ils sont acteurs, danseurs, jongleurs, chanteurs, viennent du cirque et du monde clown, volent dans le ciel, tombent des toits et des falaises. Ils racontent des histoires et créent des scénarios de fantaisie, des personnages anachroniques, des langages codés et des signes au pinceau, une partition savante avec chants et musiques. Il souffle un vent de dramaturgie et de poésie, de liberté créatrice, dans leur spectacle où la scénographie escarpée évoque des reliefs – falaises et failles – dans un environnement peu hospitalier entre terre volcanique et désert noir, fin de mondes et résurrections, solitudes et empathies. Ils mutent et viennent d’une autre planète, d’humour et de finesse, travaillent du noir au blanc dans la gamme infinie des gris.

Un cheval blanc, une mariée, des rituels et des effondrements, de l’humour, de l’inattendu. Tel est l’univers de Falaise, deuxième volet d’un diptyque dont le premier, , était un duo. Le spectacle met en œuvre le travail de la troupe, engagé depuis Bestias. Au fil de son parcours et de ses itinérances, Baro d’Evel dont la troupe est l’atout majeur, a inventé des spectacles de différentes factures, présentés dans des espaces divers comme la rue, le chapiteau, ou dans des salles. Le voyage est sensoriel et en images, entre Chagall et Magritte, Tarkovski et Béla Tarr. C’est un univers chargé, bouleversé, absurde et philosophique.

Baro d’Evel ré-enchante notre monde et l’interroge, fruit d’un énorme travail du corps et de la voix, du rythme et des mouvements, de l’élaboration d’espaces et d’univers singuliers et maitrisés où la relation à l’animal – ici cheval et oiseaux – est spontanée. La démarche de syncrétisme interdisciplinaire recherchée par la troupe, construit et invente l’écriture scénique. Précision et virtuosité, humour et élégance, dépassement de soi, sont au rendez-vous, dans un spectacle de liberté poétique, métaphorique et onirique.

Brigitte Rémer, le 30 janvier 2020

Avec : Noëmie Bouissou, Camille Decourtye, Claire Lamothe, Blaï Mateu Trias, Oriol Pla, Julian Sicard, Marti Soler, Guillermo Weickert, un cheval et des pigeons. Collaboration à la mise en scène Maria Muñoz, Pep Ramis/Compagnie Mal Pelo – collaboration à la dramaturgie Barbara Métais-Chastanier – scénographie Lluc Castells, assisté de Mercè Lucchetti – collaboration musicale et création sonore Fred Bühl – création lumières Adèle Grépinet – création costumes Céline Sathal – musique enregistrée Joel Bardolet – régie générale Cyril Monteil – régie plateau Flavien Renaudon – régie son Fred Bühl, Rodolphe Moreira – accessoiriste Lydie Tarragon – régie animaux Nadine Nay – Production/diffusion Laurent Ballay, Marie Bataillon – attachée de production Pierre Compayré.

Du 28 janvier au 6 février 2020 – MC93 Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis, 9 boulevard Lénine. Métro : Bobigny Pablo Picasso – Tél. : 01 41 60 72 72 – site : MC93.com – En tournée : 10 et 11 mars, Espace Malraux/scène nationale de Chambéry – 17 et 18 mars, Bonlieu/scène nationale d’Annecy – 23 au 30 avril, Théâtre de la Cité/Théâtre Garonne, Toulouse – 14 au 19 mai, Le Grand T, Nantes – 27 au 29 mai, Théâtre de Lorient.