Bâtir

© Fanny Desbaumes

Spectacle conçu et mis en scène par Raphaël Patout – d’après les travaux de John Berger, Patrick Bouchain, Mona Chollet, Martin Heidegger, Tim Ingold, Rem Koolhaas, Le Corbusier, Bernard Malek, Auguste Perret, Rudy Ricciotti, Paul Virilio- au Théâtre de la Cité Internationale Universitaire de Paris.

C’est une belle expérience à laquelle nous sommes conviés, celle du partage d’une utopie de construction, orchestrée par un architecte autodidacte et ses quatre complices, au sein d’un atelier improvisé.

Le spectacle débute avec une image de La Défense et de l’idée d’émancipation, avènement du plaisir pour tous, sur lequel notre héros débat avec sa mère. Puis nous changeons d’angle de vue et c’est autour de la notion d’habiter que Francis nous fait voyager, avec des poètes comme Walt Whitman et des philosophes comme Heidegger. « Bâtir, habiter, penser… » Bâtir, créer une condition d’existence ; habiter, être au monde ; penser… Sauver la terre, accueillir le ciel, attendre les divins, conduire les mortels… Les machines à habiter de Le Corbusier sont remises en question.

Puis l’équipe s’affaire, prend des mesures, dessine, planifie. On passe par l’expérimentation in situ d’un chantier qui mêle les métiers, les corporations, le travail de conception, le travail artisanal et manuel, nuisances sonores à l’appui. L’architecture est un art collectif, c’est ce que démontre Raphaël Patout et son équipe, dans le sillage de certains architectes. L’exemple de la Città Nuova, son précédent spectacle, tentait en solo d’inventer une ville nouvelle. Ici la variété des sensibilités sédimente la réflexion et construit les fondations nouvelles d’une vie en commun.

Il est question dans le spectacle de catastrophe écologique et économique, de réflexion sur le sens des choses, d’habitat et de paysage, d’urbanisation et de nature : bâtir, mais bâtir quoi ? Et il pose la question des échelles entre actions quotidiennes et vies individuelles. Le travail se fait par collages de textes : parole de philosophes, sociologues et d’architectes – John Berger, Patrick Bouchain, Mona Chollet, Martin Heidegger, Tim Ingold, Rem Koolhaas, Le Corbusier, Bernard Malek, Auguste Perret, Rudy Ricciotti, Paul Viriglio – Le décor se précise au fil de l’avancée du spectacle, nous sommes dans un atelier d’architecte composé de tréteaux, serre-joints et outils divers, lieu qui évolue au gré des idées lancées (scénographie Géraldine Trubert) ;

Artiste associé du Théâtre de la Cité internationale pour la saison, Raphaël Patout a multiplié les compagnonnages et observé le travail de nombreux metteurs en scène. Il a mis en scène des textes de Pier Paolo Pasolini, Dostoïevski, Molière, Georg Büchner, David Foster Wallace ainsi que ses propres textes. Bâtir qu’il présente aujourd’hui, ni réalité ni fiction, oblige, par la parole d’architectes, urbanistes et paysagistes, à réfléchir sur la notion d’habiter la ville et d’expérimenter de nouvelles manières d’être au monde.

Brigitte Rémer, le 20 octobre 2021

Avec : Pierre-Francois Doireau, Josée Drevon, Damien Houssier, Elisabeth Hölzle, Pauline Huruguen – scénographie Géraldine Trubert – costumes Sigolène Petey – régie générale et lumière Hugo Dragone – création son Mathilde Billaud – régie son Louis-Antoine Fort – iconographie Alban Gervais – conseil artistique Anne-Laure Sanchez – construction Élise Nivault – production Martine Desmaroux – diffusion Valérie Perriot-Morlac.

Du 11 au 23 octobre 2021 : lundi, vendredi – 20h (sauf ven. 15 octobre – 19h) mardi, jeudi, samedi – 19h relâche mercredi et dimanche – Théâtre de la Cité internationale, 17 bd. Jourdan 75014 Paris – 01 85 53 53 85 – www.theatredelacite.com